Man, 16 déc 2022 (AIP)-L’année 2022 tire vers son terme dans deux semaines. Si habituellement les festivités de fin d’année sont ressenties par l’effervescence avec la prise d’assaut des magasins et autres lieux de commerce à Man, dans la cité des 18 montagnes, la situation est très différente cette année. C’est du moins le constat fait sur place, jeudi 15 décembre 2022, par l’AIP.

La mévente de la récolte de cacao a impacté les conditions économiques des populations. Les activités économiques marquent un ralenti et impriment déjà une ambiance morose d’avant célébrations du 25 et 31 décembre ainsi que du 1er janvier. Un tour dans les principaux centres commerciaux de la ville, comme le site de l’ancien BCEAO, le magasin Sococé et le marché des pagnes Dan, permet de se rendre compte de cette réalité. Dans ces lieux d’achats visités, les clients se font rare. Au marché, les vendeurs passent la journée autour du thé attendant d’hypothétiques clients. Comme un refrain, les populations et vendeurs évoquent le manque d’argent.

« Franchement il n’y a pas de mouvement par ici, la clientèle se fait rare, on va prendre la marchandise et on n’arrive pas à l’écouler. Avant à cette date, c’est l’affluence. C’est vraiment coincé, les paysans évoquent la mévente de leur production cacaoyère », a confié dame Diallo Fatoumata, vendeuse au marché à l’ancien BCEAO.

Mme Diallo, vendeuse d’habits et jouets, au marché près ancien BCEAO de Man

Non loin de là, le sieur Braham Bamba, également commerçant, dit ne pas sentir l’ambiance des fêtes. « Les clients ne viennent pas au fait, ça ne marche pas, on est assis comme ça, on peut passer toute la journée ainsi. L’année dernière par contre les choses se passaient un peu bien, il y avait de l’ambiance et les clients aussi », a-t-il fait remarquer.

Dans la ville, les merveilleuses décorations à l’effigie du père noël annonçant les festivités des fêtes de fin d’année sur les vitriers des salons de coiffure et stations d’essence, les décorations dans les officines de pharmacie et la vente d’objets de décoration et autres aux abords des surfaces de commerce, ne sont pas encore perceptibles.

vélos et autres jouets attendent toujours les clients

Hormis quelques points d’accueil du public comme les maquis et glaciers qui font peau neuve (rafraîchissement et décoration des façades), la ville de Man dans son grand ensemble ne vit pas au rythme des fêtes.

Tout comme en ville, les populations des zones rurales évoquent le manque d’argent et pointent du doigt la mévente du cacao. A Bombélo, un village de plus de 3000 âmes, à quelques 15 kilomètres de la ville de Man sur l’axe Biankouma, les habitants justifient l’ambiance terne à l’approche des fêtes par la morosité économique.

« En tout cas rien ne va ici, les jeunes se plaignent qu’il y a le cacao, mais il n’y a pas d’argent. C’est ce qui justifie tout le calme observé partout dans le village. Faites un tour dans tous les maquis du village vous vous rendrez compte que tout est vide », a confié, Bamba Alexandrine, tenancière de maquis.

Calme plat dans la ville de Biankouma

Badou Chantal épouse Lia, couturière à Biankouma

Même son de cloche chez Badou Chantal épouse Lia, couturière aux encablures du Trésor public de la ville. « Il faut dire que les deux dernières années, l’année passée et cette année, c’est un peu difficile, on ne sent pas la fête au niveau de Biankouma. Les clients n’ont pas répondu à notre attente, les pagnes déposés sont pas assez, ce qui fait que nous sommes relaxes, comparé aux années passées, et, la situation est pareille chez mes autres confrères et consœurs du métier », a insisté Mme Lia.

En tout cas, Biankouma vaque à son train train quotidien, aucune ambiance particulière.

On s’affaire à Danané

C’est jeudi, jour de marché à Danané, la ville grouille de monde, les fêtes de fin d’année se font sentir tout de même, malgré les plaintes des populations du manque d’argent.

“Certes, les temps sont durs mais on assiste de plus en plus à la création de nouveaux maquis et boîtes de nuit. Et les managers de ces lieux de plaisirs rivalisent déjà d’imagination pour organiser des spectacles avec des artistes chanteurs “, relève un animateur culturel.

Certains marchands et commerçants font de bonnes affaires. Au niveau des espaces de commerce, les magasins sont de plus en plus fournis en jouets d’enfants, les sapins et les guirlandes poussent sur les façades de certaines boutiques, les ateliers de couture ne désemplissent pas.

« On commence à sentir la fête, les choses ont commencé à bouger. De jour comme de nuit, nous travaillons parce que les gens bougent beaucoup”, se réjoui un chauffeur de taxi-moto.

Pour de bons moments à passer en famille comme entre amis à l’approche des fêtes, des patrouilles et rafles systématiques sont organisées dans la ville par les forces de défense et de sécurité présentes à tous les points stratégiques pour rassurer leurs concitoyens.

Pour leur part, les commerçantes du vivrier s’organisent pour approvisionner et maintenir sur le marché les provisions à la disposition des ménages. “De plus en plus, nous recevons beaucoup de denrées alimentaires venant des champs parce que les paysans veulent se faire un peu de sous afin de préparer les fêtes de fin d’année “, a indiqué Gbah Odile, commerçante de vivriers.

Par ailleurs au niveau des églises, à la paroisse Cathédrale Saint Michel de Man, et sur d’autres paroisses catholiques, la fête de la Nativité du Seigneur se prépare plus ou moins bien. Les travaux de nettoyage des temples vont bon train. Les séances de mimes de la naissance du christ par les groupes de jeunes s’enchaînent. Une crèche est installée. La lumière scintille autour. Certains fidèles venus prier offrent déjà des cadeaux au « petit Jésus » couché dans la crèche.

Source: (AIP)

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